Et moi, dans l’histoire? J’étais amie de tous et de personne en même temps. J’étais ce que j’aime appeler, une amie de l’ombre. Julie et moi étions particulièrement proches. Selon ma théorie, être amie avec un leader devait faire de moi quelqu’un d’important dans le groupe? Pourtant, chacun individuellement m’appréciait mais au sein du groupe au complet j’étais comme perdue dans la foule. Cependant c’était tout de même la première fois que j’étais acceptée au sein d’un groupe, à mon échelle c’était suffisant.

En tant que leader, Julie était amie de tous. Je me souviens à la cafétéria du lycée, chacun se battait pour se mettre à coté d’elle. Une fille se battait davantage que les autres, la belle et convoitée Nadia. Et voilà, comment je fus donc, malgré moi, entraînée dans ma première guerre silencieuse.

J’étais à l’époque, la seule à remarquer qu’elle ne me portait pas dans son coeur. Plus les jours avançaient, plus elle prenait ma place auprès de Julie, que ça soit en classe, dans le bus ou encore à la cafétéria, comme une soeur siamoise elle n’était plus capable de se détacher de Julie. On aurait pu trouver un tel comportement comme collant, mais quand on est un véritable leader, j’imagine qu’il est agréable de voir que l’on nous admire, qu’on convoite votre amitié, n’est-ce pas cela l’avantage d’un leader? Nadia était prête à tout pour prendre la place que j’occupais.

J’avoue avoir tenté de mener cette guerre silencieuse. C’est dans ce genre de bataille que notre côté obscur prend le dessus, on commence à parler manipulation, stratégie, popularité ou encore on commence à ce demander qui serait prêt à vous suivre si une dispute devait éclater mais cela ne ressemble pas à la conception de l’amitié au sens strict.

J’abandonnai donc cette triste compétition. Ce qui est le plus terrible c’est que dans l’histoire c’est Nadia que je plains. Je compris très vite que cette amitié était plus importante pour elle que pour moi.

Pour mieux la comprendre, il faut savoir qu’à l’époque de Damien, celui-ci s’orientait vers une classe ES, son choix portait également sur une classe ES. Quand cette période fut résolue et que Julie voulut s’orienter vers une classe L, Nadia la suivit. Vous comprenez mieux?

Nadia n’était pas un monstre sanguinaire, encore moins cette fille pathétique en cherche de popularité. Elle avait en réalité un passé encore plus trouble et douloureux que le mien, autant d’un point de vue familial qu’amical. A présent, je ne pense pas que ça soit la popularité qu’elle cherchait mais plus une visibilité et beaucoup d’affection, affection dont elle avait tant manqué dans son enfance. Le manque d’un père et le rejet de nombreux amis. Ce sentiment d’être mise de côté, de ne pas être à la hauteur de ce qui nous entoure, d’être inférieure. En réalité, nous avions peut être plus en commun que ce que nous pouvions imaginer. Ainsi, toutes les deux avions tenté de se faire accepter par les autres, au lieu de commencer à s’accepter nous-mêmes.

 

A.

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